
VISITE D’UNE BIENNALE SUR L’ART ET LE NUMERIQUE EN ALSACE !
Petit Zoom et point de vue d’une étudiante sur la visite de la biennale :
Actuellement sur Strasbourg « Touch Me » nous interroge sur nous citoyens et notre rapport au numérique. Cette biennale d’art contemporain qui dure jusqu’au 3 mars 2019 est un évènement aux multiples arts et réflexions où vous pouvez passer un bon moment entre amis autour d’un café ou d’un apéro car oui, l’exposition est prolongée par un coin café-bar qui accueille des concerts en soirée !
D’ailleurs vous pouvez aller voir dès ce soir et prochainement :
Apéro mix — Thomas Brand + Martin Elble
Concert : Encore (électro – Strasbourg)
Concert : Chelsea Reject (hip hop – NYC)
Concert : m-O-m (performance électrique – France)
Pour la commissaire de l’exposition, Yasmina KHOUAIDJIA ; la genèse et le choix du thème de la biennale étaient nourris par une forte volonté de mettre en exergue la période que l’on traverse via une vision artistique mais également un constat :
« Je ne supporte plus la centralisation à la française, et comme je passe beaucoup de temps à Berlin, je constate qu’il y a une ouverture d’esprit et un regard sur l’avenir très différents grâce à la sensibilité de cette ville pour l’art contemporain. C’est là que j’ai compris à quel point cette sensibilité pouvait donner une vision de l’avenir différente sur notre époque et j’ai considéré que c’était important pour moi, pour mes enfants et qu’en fait ça concernait tout le monde. »
Extrait de l’article Biennale d’art contemporain de Strasbourg Yasmina KHOUAIDJIA De « Thrill » à « Touch me »,
écrit par Patrick Adler, p23, OR NORME N°31 Vertiges, OR SUJET, le magazine d’un autre regard sur Strasbourg.
Où allons-nous ? C’est la question de cet évènement et une question qu’elle s’est également posé et que je vous pose, en observant les œuvres et certaines en particulier, j’ai pu également constater ce que le numérique provoque et en quoi mon rôle de citoyenne est important. Notion de voyeurisme, de politique, de liberté, d’éducation fond partie intégrante des œuvres présentées dans les salles.
Ce qui m’a marquée également lors de ma venue c’est le rôle important qui est donné au spectateur qui devient alors acteur de la biennale. Son opinion à travers une application mobile (qui a été créée spécialement pour l’évènement) est prise en compte. Cette application utilise le langage des réseaux sociaux comme ceux que l’on peut voir sur Facebook ou encore twitter ou Instagram. Voter n’est ce pas là aussi le rôle d’un citoyen ? Citoyen spectateur ? On peut également se poser la question de sa place dans l’exposition et dans toutes les autres qui ne sont toujours pas adaptées au numérique, soit par manque de moyen financier, soit parce que les systèmes des musées ne sont pas encore totalement équipés ou adaptés à l’ère du numérique. En début décembre j’ai été ravie de visiter le musée du Vin à Bordeaux qui était complètement immergé dans l’ère du numérique grâce à la mise en place de parcours historiques, digitaux et immersifs. Le numérique permet l'immersion même si on peut trouver ça aliénant et envahissant. C’est un outil à développer dans le monde culturel.
Trois œuvres ont su me marquer et toutes sur 3 aspects différents. En effet chacune des œuvres des 18 artistes représentés ont des sujets et des médiums tous différents. C’est une exposition très hétérogène et multisensorielle vous en prendrez pleins les yeux et les oreilles!
Mon coup de cœur Auditif :
Landscapes, Installation, supports multimédias, 2014, Evan ROTH (Artiste multimédia, américain)
Au-delà d’une esthétique saturée de monochrome rose et tous les câbles et écrans, rangés, plaqués entre le sol et le mur. On est constamment titillé par des bruits divers, entre les grésillements provenant des machines et des sons d’oiseaux mis en boucle. C’est un mélange étonnant, qui attire notre attention au centre de cette pièce.
C’est une étude de la nature du numérique. On étudie ainsi les changements culturels entrainés par la demande croissante de technologie ; on l’expose ici grâce à cet artiste comme un tableau peignant une observation de la nature d’une forêt et de son environnement par exemple.
Mon coup de cœur Visuel :
Menschentracks, Installation, supports multimédias 42 vidéos de smartphones activés à distance, 2014,
Florian MEHNERT (Artiste conceptuel, allemand)
Encore des écrans ! Ces multitudes d’écrans fascinent et à s’y rapprocher de plus près on y voit tout un tas de chose, on a l’impression de voir des morceaux d’intimité d’autres vies qu’on ne devrait pas voir… En parfaite position de voyeur on est autant fasciné que mal à l’aise et bizarrement j’adore ça… dois-je me soigner où est-ce un mal que l’on souhaite nous faire ressentir pour nous faire comprendre quelque chose ? A l’ère du numérique on connait encore très mal les effets de la médiatisation même si on commence à en avoir les échos. A creuser avec des artistes et auteurs et leurs livres que je vous conseille ;
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La notion de vie privée online : Bénédicte Rey, La vie privée à l'ère du numérique, Lavoisier, coll. « Traitement de l'information », 2012
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La surveillance de masse : Tristan Nitot (Auteur) Adrienne Charmet Les libertés au défi du numérique : comprendre et agir Paru le 28 septembre 2016 Essai (broché)
Mon coup de cœur tactile ou expérimentation :
Installation, supports multimédias, 2018, Louis-Philippe (Artiste vidéaste, d’installations et de performances, canadien)
Room 3.1 est une œuvre intrigante et la plus immersive de l’exposition. En effet vous me voyez sur une des photos que j’ai prise de la vidéo de l’œuvre mise en ligne, mais ce que vous ne savez pas encore c’est que c’est le résultat final du système de fonctionnement de cette œuvre. En effet quand vous entrez dans la pièce, en plus d’indices comme les QR code et l’évier avec les instructions dans la notice (à prendre dès l’entrée je vous le conseille sinon vous ne profiterez pas de l’expérience), vous avez un vacarme monstre qui ressemble à un brouhaha jumelé à un jet de karcher qu’on a oublié d’éteindre…Après avoir scanné le QR code trouvé à l'entrée de la pièce, vous êtes renvoyé sur un site en ligne et vous pouvez ou non activer l’écoulement du robinet qui est dans la salle, le tout est filmé en direct et retransmis sur YouTube. Sympa non ? Flippant peut-être aussi ?
Plutôt une aide à la réflexion de l’utilisation des outils numériques et de notre responsabilité. Cette biennale est un point positif, à contrario, la période artistique de la critique de la société de surveillance et de consommation de masse, qui débute dès les années 70, se jumèle aujourd'hui avec une technologie numérique omniprésente.
Ça devrait être pire aujourd’hui et devenir une critique artistique piquante, mais je trouve les visions des artistes bienveillantes et notre regard a bien changé et nous prenons plus de recul sur l'utilisation du numérique, surtout grâce à une sensibilisation.
Personnellement j’ai hâte de les revoir dans 2 ans, cette 1ière édition pour moi est complète et a ponctué mon planning culturel 2018. Pour débuter votre programmation culturelle 2019, c’est aussi un excellent évènement que je vous conseille !
Pour plus d’information et voir toute la programmation retrouvez les sur :
https://biennale-strasbourg.eu/ Ou par mail : info@biennale-strasbourg.eu
Petites références supplémentaires pour les curieux ou étudiants en art, un PDF du communiqué de presse sur l’exposition de 2017 du ZKM Karlsruhe « Open Codes » qui a traité de manière analytique la manière de vivre dans un monde numérique : https://zkm.de/media/file/fr/pm_open_codes_f_0.pdf
Vous y retrouverez des artistes célèbres et leurs œuvres emblématiques comme :
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Vidéo Surveillance Piece : Public Room, Private Room (1969-1970) de Bruce Nauman
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Time Delay Room 1 (1974) de Dan Graham
Marie CAULLIEZ








